Fièvre et pleurs [Pv Natsumi et Mathilde]

Dorgoth avait l'impression d'être le centre d'un immense kaleidoscope noir et violet. Et il tombait. Le pire c'était qu'il ne pouvait pas bouger d'un poil et il continuait à s'enfonçer dans ce gouffre de couleurs. Il ne ressentait rien ni le vent ni la pression qu'auraient dû etres produits par sa chute. Il n'y avait que ses yeux qui le piquaient. Sa chute semblait durer une éternitée puis il atterit finalement sur quelque chose de chaud et de très volatile....de la cendre. Il ne pouvait toujours pas bouger. Soudain il entendit un grondement qui semblait venir de nulle part. Tout devint blanc. Le grondement se transforma en bruit de pas rapides et le blanc en un des plafonds de l'internat. Il se sentait tiré par les bras et les jambes. Il essaya de pencher la tête en avant et vit Natsumi qui le portait par les pieds. Il sourit et tenta de parler, mais rien n'y fit. Il ne réussit à émettre qu'un souffle faible mais qui réussit à attirer le regard de son ami. Les couleurs revenaient et il eut juste le temps de voir le visage horifié de son amie avant de replonger en se demandant pourquoi elle faisait cette tête.
Ce que Dorgoth n'avait pas vu c'est que maintenant ses yeux étaient violets et parsemée de signes étranges et noirs et que deux canines proéminentes dépassaient de sa bouche ensanglantée.

Natsumi s’inquiétait pour Dorgoth. Mathilde et elle le déposèrent dans un lit de l’infirmerie et elle appela l’infirmière ... qui était celle de Tara. Natsumi refoula un sourire en se rappelant leur dernière visite à l’infirmerie de Tara. Mais sa bonne humeur partit aussi vite qu’elle était venue lorsqu’elle vit les yeux de Dorgoth. Elle détailla alors rapidement la situation à l’infirmière :

_ Il avait été possédé ... ET j’ai toutes les raisons de penser qu’il l’est toujours ... Il faut faire quelque chose, ça fait environ dix minutes qu’il est comme ça ... On le ramène de l’infirmerie ... Faites quelque chose, dépêchez vous !

L’infirmière lui jeta un regard noir, signifiant probablement : « laissez moi faire mon travail » et traça une série de signe étrange sur le torse de Dorgoth ...

Mathilde s'était postée dans un coin de l'infirmerie. Elle s'était blottie sur une chaise, les genoux ramenés vers elles, les bras enlaçant ses jambes.

Elle assistait de loin à la scène, et un éclat de tristesse brillait dans ses yeux. Elle avait vu les symptômes qui s'étaient développés étonnement vite sur Dorgoth. Ses pensée étaient envahies de sombres visions, et elle avait besoin de rester seule, au moins jusqu'au réveil du Maitre des Cendres.

Elle réfléchissait à la vitesse grand V à ce qu'il pouvait s'être passé. Elle en avait déjà une idée, qui était probablement la réalité, mais elle ne voulait pas l'accepter, préférant chercher une autre hypothèse.

Soudain, l'infirmière se redressa. Elle s'écarta, le visage fermé, et alla chercher une petite fiole dans une armoire vitrée. Elle fit ingurgiter son contenu à Dorgoth et ordonna aux deux jeunes élues d'attendre avec lui. Et elle sortit de la salle, sans plus d'indications.

Mathilde ne bougea pas. Elle restait, tel un oisillon dans son nid, pensive et triste. Toute la joie qu'elle avait éprouvé avant s'était transformé en appréhension, et elle attendait, impatiente, le réveil de Dorgoth.

Dorgoth marchait sur cet immense tapis de cendre. L'air était chaud et lourd et la seule lumière était celle des braises qui jonchaient le sol. Il avait l'impression que ça faisait des heures qu'il marchait ainsi mais il ne ressentait aucun symptômes de fatigue ni d'ennui il se sentait même plutôt bien. Il marcha encore quelques temps quand soudain, dans le ciel noir au dessus de lui d'étranges signes bleus apparurent. Dorgoth s'arrêta pour les observer avec intérêt. Mais à force que la masse bleue se dévellopait il se sentait tiré vers le haut. Ses pieds finirent par décoller du sol et il s'éleva lentement.

Mais quelque-chose d'autre se passa. Au fond de la plaine une grande tornade de cendres apparut accompagné d'un grondement sourd. Il s'approchait à grande vitesse et Dorgoth s'apperçut avec horreur qu'il allait l'emporter. Mais le tourbillon, au lieu de continuer sa cours tout droit s'engouffra dans l'ouverture bleutée et Le maître des cendres retomba sur le sol.

L'infirmière fut viollement projetée contre le mur et tomba inconsciente.
La voix de Dorgoth s'éleva elle était essouflée et inquiète.

"Ne tentez pas de me sauver, si vous réussisez à enlever le coté démoniaque de mon corps, je mourrais...et vous aussi. Mais n'abandonnez pas...je..."

Dans son sombre univers Dorgoth, qui avait compris ce que ses amis tentaient de faire espéra qu'ils avaient reçu son message en entier.

L'infirmière était revenue et Mathilde ne voyait que son dos, courbé vers Dorgoth. Elle n'avait pas bougé, et regardait la scène, le regard vide. Soudain, la pauvre infirmière fut projetée en arrière et s'écrasa lourdement sur le mur.

Mathilde lui jeta un regard indifférent, sans vraiment avoir conscience de ce qu'il se passait. Ce n'est que lorsqu'elle entendit la voix de Dorgoth qu'elle revint à la réalité. Elle sauta sur ses pieds et courut jusqu'au lit. Trop tard, mais juste à temps pour entendre:

...je mourrais, et vous aussi...

Elle s'arrêta vivement, à un mètre du lit. Elle lança un regard aigu à Natsumi qui ne semblait pas en avoir entendu plus qu'elle. Alors Mathilde, aussi vive qu'une souris, ordonna:

Bon, occupe toi de l'infirmière, je vais à la bibliothèque.

Et elle sortit en trombe de la salle. Elle revint, une heure plus tard. L'infirmière était allongée sur un lit, inconsciente, Natsumi, partagée entre Dorgoth et celle ci.

Dans ses bras, Mathilde portait une dizaine de livres. Elle balaya d'un revers de la main ce qui emcombrait la tablette de Dorgoth, tendit quelques livres à Natsumi, s'assit au pied du lit du Maitre des Cendres et expliqua:

Voilà tout ce qui traite le sujet. Essaie de trouver quelque chose.

Et elle plongea dans la lecture du premier livre sans plus attendre. Elle lisait en diagonale, mais cela prenait un certain temps, et 'linfirmière s'éveillait.

Dorgoth marchait de nouveau dans la plaine noire, scrutant parfois le ciel au cas où les lumières réaparaîtraient mais elles semblaient avoir définitivement disparues. Il accélera le pas commençant à trouver le temps long. Quand soudain, devant lui une lumière rouge apparut, diffuse et lointaine. Le maître des cendres se mit à courir de plus en plus vite. Au bout d'une vingtaine de minute il était au bord d'un immense lac de lave avec en son centre une sphère rouge sang soutenue par quatres piliers d'obsidienne. Un pont fait du même matériau que les piliers enjambait l'étendue bouillonante jusqu'à l'étrange bâtiment. Dorgoth s'engagea sur le pont d'un pas décidé.

Une ouverture ronde avait été creusé à même la sphère et se continuait sur un couloir qui semblait s'enfonçer indéfiniment dans la pierre rouge. Toujour sans aucune hésitation Dorgoth s'y engouffra. Il déboucha sur une immense salle totalement vide. A l'exeption d'un immense cercle de fer forgé plaçé à la verticale au centre de la salle. Le garçon s'en approcha, hésitant cette fois. Il allait passer à travers quand soudain quelque-chose apparut devant lui. C'etait un garçon, d'à peu près son age. Il avait les cheveux longs et totalement violets, les yeux violets également, parsemés de signes noirs. Ces même signes noirs parsemaient sa peau comme des tatouages. Il ressemblait un peu à Bhaal mais...avec quelque-chose de changé. Le garçon portait un petit gilet de cuir et un pantalon bouffant blanc. Il ne bougeait pas.

En un éclair Dorgoth dégaina son épée et la pointa sur le garçon qui ne bougea pas d'un pouce.

Pendant ce temps à l'infirmerie....

... Natsumi continuait de feuilleter les livres, à la recherche de quoi que ce soit, mais sans succès. Elle balançait un à un les livres contre le mur, énervée de ne pas trouver ce qu’elles cherchaient. Lorsqu’elle n’eut plus aucun livre en main, elle se tourna vers Mathilde qui tenait le dernier ... La lueur d’espoir des yeux de Natsumi s’éteint alors brusquement ... Elles ne trouveraient pas ... Cependant, elle essaya tout de même, optimiste :

_ Alors ? Tu as trouvé quelque chose ?

Elle regarda tour à tour Mathilde, l’infirmière et Dorgoth, secoué de spasmes. Elle soupira et s’approcha de lui, lui communiquant un peu de son énergie. Elle arrêta lorsque les spasmes s’interrompirent. Mais, quand elle se leva, elle vacilla légèrement : elle avait trop donné. Alors, elle prit une barra chocolatée dans sa poche et mangea. Une fois ses forces récupérées, elle adressa un regard rassurant à Mathilde.

Quelques secondes s'écoulèrent, les deux garçons étaient immobiles, l'un pointant son épée sur l'autre qui, les bras croisés, le regardait avec un air enjoué. Finalement Dorgoth se décida.

"-Qui est-tu? C'est quoi cet endroit?
-Tu est dans un songe...et en partie à l'intérieur de toi-même."

La voix de l'étranger avait elle aussi un timbre qui ressemblait à celui de Bhaal, mais toujours avec quelque-chose de changé. Dorgoth fronça les sourcils et il haussa la voix.

"-Alors que fait-tu la?"

Le garçon se mit à rire

"Je suis ici pour te rappeler...ce que tu est à présent.
-Tu est...tu est une partie de Bhaal."

L'autre tappa dans ses mains sans de départir de son sourire.

"Bingo! Mais maintenant je ne m'appelle plus Bhaal...Mon nom est Dorgoth Thorn"

Dorgoth poussa un cri de rage et se jeta sur le garçon. Mais celui-ci ne bougea pas. Au moment où il allait l'atteindre il percuta viollement une surface lisse et brillant. Il se releva rapidement. Maintenant il comprenait...il était en face d'un miroir...
Poussant un cri de rage il abatit de tout son poids son épée sur le miroir qui se brisa. Une onde de choc se répercuta dans toute la pièce et le maître des cendres fut projeté à travers le plafond vermeil et creva les nuages sombres pour monter plus haut, toujour plus haut...

Les yeux de Dorgoth s'ouvrirent et ils reprirent leur apparence normale et les deux canines se rétractèrent pour retrouver leur taille habituelle. Il se releva. Il se sentait en pleine forme et bourré d'énergie magique. Il regarda Natsumi et Mathilde avec un air hésitant.

Mathilde ne trouvait désespérément rien. Elle tournait avidement les pages, à la recherche d'une quelquonque indication, mais le cas ne devait pas être très connu, puisqu'il n'y avait absolument rien. Elle lança un regard à Natsumi pour signifier que non, elle n'avait rien trouvé.

A la fin, quand elle eut tourné jusqu'à la dernière page, elle jeta avec rage le livre contre le mur, et il retomba avec un bruit sourd près de l'infirmière. Elle se tourna vers Dorgoth. Il tremblait légèrement, mais il sembla que cela s'arrêta vivement, dans un spasme. Et il ouvrit les yeux. Mathilde esquissa un léger sourire et s'approcha de lui.

Soudain, à sa grande surprise, Natsumi se leva, et prétextant un manque de repos, elle sortit, sans même se retourner. Mathilde lui jeta un regard intrigué mais ne fit aucun commentaire, et se retrouna vers Dorgoth pour lui demander, inquiète:

Ça va mieux?

Dorgoth fit quelques mouvement avec le bras, fit affluer son énergie dans différentes parties de son corps, tout semblait fonctionner parfaitement. Il se mit ensuite debout. La aussi tout semblait normal. Il se retourna vers Mathilde et lui sourit en hochant de la tête.

"Ouais, ça va"

Il regarda autour de lui, Natsumi était partie, et...l'infirmière était assez mal en point. Dorgoth qui n'était conscient au moment où l'infirmière avait essayé de le ramener avait du mal à comprendre ce que la vieille dame faisait inanimée contre le mur et pourquoi il y avait une pile de bouquins traitant tous de démonologie au pied de son lit. Bon ça à la rigeur il pouvait l'expliquer, Mathilde et Natsumi avaient sans doute tenté de le rammener à son état normal. Mais depuis combien de temps était il dans cet état? Son rêve avait duré une journée mais en temps réel? Dorgoth avait des tas de questions à poserà Mathilde. Il la regarda avec inquiétude.

"Je dors depuis combien de temps?"

Mathilde jeta un regard à l'infirmière. Celle ci se mettait debout en pestant, sans plus faire attention à leur présence. Une seule fois, elle les fusilla du regard et sortit de la salle en leur disant de faire appel à quelqu'un d'autre.

La jeune élue de la terre se retourna vers Dorgoth et répondit, après une courte réfléxion:

Un peu plus de deux heures.

Elle désigna d'un geste rapide l'ensemble des livres qui gisaient dans la salle dans un triste état, suite à leur colère et reprit:

Le temps qu'on lise tout ça.

Elle regarda longuement Dorgoth, une onde de tristesse dans les yeux, mais elle souriait légèrement.

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