De vieux souvenirs [pv mathilde]

Vect sortait tout droit du château, arpentant des chemins de terres, totalement ailleurs. Cette journée avait commencé normalement mais il n'avait pas trouvé l'envie d'aller s'entraîner et son petit déjeuner s'était résumé à quelques tartines, ce qui était très peu pour le jeune homme. Lentement mais sûrement ses pas le guidèrent jusque sur le site du crash de l'aéronef qui leur avait permi d'arriver sur Shima. Il continua d'avancer, le regard vide, toujours fixé sur les débris du vaisseau. Il monta sur l'amoncèlement de terre qu'avait laissé la trainée du vaisseau à l'attérissage. Avant un léger regard en arrière il sauta quelques mètres plus bas, arrivant devant une brèche de l'aéronef. Depuis ce trou il apercevait une fleur bleue sur une couchette, une larme coula derrière son bandeau noir et quelques instants plus tard il se retrouvait à plusieurs mètres de hauteur, ses ailes battant lentement pour le maintenir en l'air.

"Il s'est passé tellement de chose depuis..."

Il avait murmuré ça, sans faire attention. Il se rememorra quelques jours sur Tara, en compagnie de ses amis, de son frère, il faisait beau, tout le monde était joyeux mais une sombre silhouette était venue chasser la bonne humeur. Son poing se resserra avant que la colère ne s'emparre de lui et qu'il lâche dans un cri puissant, comme voulant s'adresser au ciel.

"JAMAIS JE NE TE PARDONNERAI!!!"

Et il envoya un éclair dans le ciel, puis un autre, se déchaînant contre un ennemi invisible avant qu'il ne s'arrête, une autre larme partant de son derrière son bandeau noir et finissant de couler sur sa joue, ses poings vers le bas, toujours serrés.

Mathilde était assise, dos à un arbre, les bras enlaçant ses genoux. L'aube se levait, l'air était frais, sans pour autant être agressif. Une brise légère soufflait dans ses cheveux et dans les branches de l'arbre. Autour d'elle s'étendait une longue étendue d'herbe, simplement coupée par un chemin de terre brut menant aux débris de l'aéronef, endroit qu'elle évitait soigneusement depuis peu.

Elle laissait son esprit vagabonder au gré du vent, sans véritable pensée, dans un état de demi sommeil, quand soudain, un éclair retentit violement dans le ciel. Mathilde, surprise, se dressa, sur ses gardes. Un éclair par une matinée aussi dégagée ne pouvait que provenir d'un élu de la Foudre. Un léger espoir s'alluma dans l'esprit de Mathilde. Et si c'était Vect? Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, qui plus est, à la lumière du jour.

Elle avança à l'aveuglette vers l'endroit d'où elle avait vu arriver l'éclair, vers l'aéronef, ou ce qu'il en restait. Etrangement, elle se sentait attirée par le lieu, et regrettait d'avoir refusé d'accepter le passé de la sorte. Alors elle se mit à marcher plus vite, certaine que, si elle ne trouvait pas Vect, elle trouverait l'aéronef, et qu'elle voulait le voir.

Elle arriva devant le corps de l'engin. A coté d'elle, des sièges étaient éparpillés, sans ordre précis. Les rares sièges qui avaient été ejectés avaient atteris quelques mètres plus loin. L'endroit avait un apect sinistre qui n'effraya pas le moins du monde Mathilde. Au contraire, elle grimpa sur la carcasse, et arriva, à son grand plaisir, juste en face de son ami. Surprise, elle s'arrêta, et se jetta dans ses bras de son ami.

Ben alors, tu me dis pas bonjour?

Vect était encore sous le coup de la colère, ses poings serrés, son esprit perturbé il ne sentait plus rien de cohérent autour de lui. Toutes les aura qu'il sentait se mélangeaient et il n'y voyait plus rien. Son bandeau encore sur ses yeux, il était totalement aveugle. Il n'arrêtait pas de repenser à cet immense démon qui n'avait cessé de lui pourrir la vie sur Tara lorsqu'il sentit quelque chose d'étrange, des bras l'entourait et il entendit une voix, une voix qu'il connaissait bien. Ses mauvaises pensées disparurent et il attrapa Mathilde, reculant tout de même un peu, surpris par son arrivée. Il commença à ressentir les choses comme avant et le fait que son amie soit là, alors qu'il ne l'avait plus vue depuis un moment, apporta un peu de douceur à son coeur dur de colère et, doucement, un sourire apparut sur son visage, annonçant une humeur qui s'améliorait nettement.

"Ma... Mathilde!... Ce... Ca faisait tellement longtemps..."

Il se laissa contrôler par sa joie et la serra dans ses bras avant de s'écarter et lui sourir.

"Ca me fait vraiment plaisir que tu sois là. Je ne t'ai pas entendu arriver, voila une heureuse surprise."

Le conseiller divin rangea de côté sa rancoeur pour ne plus penser qu'à l'instant présent. Peu à peu il retrouvait toute ses sensations et il s'aerçut aussi qu'il était encore dans les airs. Il redescendit alors lentement jusqu'au sol, ses ailes rentrant finalement en lui.

"Qu'est-ce qui a bien pu t'amener jusqu'ici? Tu as perdu quelque chose là-dedans?"

Il fit un signe de tête au reste de l'aéronef tout en parlant. C'était le bon moment pour qu'elle arrive, elle venait de le sauver de la colère et de la rancoeur. Vect se dit que c'était dans ses moments là qu'on reconnaissait les êtres chers. Il ne cessait pas de sourire, heureux que la conseillère divine soit là.

Mathilde esquiessa un sourire et relacha son étreinte. Elle avait déjà oublié qu'elle se trouvait sur une ruine d'aéronef, entourée de débris divers. Et elle remarqua à peine le bandeau qui masquait les yeux de son ami, tant sa joie était débordante. Elle répondit, les yeux pétillant de malice:

Si on veux, oui, je cherchais quelque chose. Mais ne t'inquiète pas, je l'ai trouvé.

Elle s'assit sur le bord de l'engin, les pieds pendant contre la coque d'acier. Elle attrapa la mai de Vect et l'obligea à s'asseoir à son tour. Enfin, quand elle fut assurée qu'ils étaient tous les deux bien installés, elle demanda:

Alors, ça va? Il parait que tu aimerais San, aux dernières nouvelles.

Il était das ses habitudes d'être directe, de ne pas tourner autour du pot avant d'aborder un sujet qui lui tenait à coeur. Et là, elle n'avait pas rater l'occasion.

Mathilde sourit. Elle était sincèrement contente pour Vect. Elle s'allongea sur la plate forme de métal arrondie, et comptempla le ciel tout en asquiessant à chacunes des paroles de Vect. A sa question, elle se redressa, s'étira et répondit, naturellement:

Peut être qu'ils sont partis où qu'ils se cachent. Enfin, pour moi, c'est pas un problème.

Un sourire sadique anima son visage tandis qu'elle se rallongeait tout en continuant:

Pourquoi? Ils te manquent?

En voyant l'air contrarié de Vect elle ne put s'empécher d'éclater de rire. A quelques pas de là, un oiseau qui flananait dans les décombres s'envola, surpris par cette vague de bonheur.