L'enchantement emplissait les yeux de Veronika, qui, en l'espace de quelques jours seulement avait abandonnée sa vie solitaire et commençait à se faire de nouveaux amis - des élus, qui comme elle, possédaient des dons. Parmi ces élus figurait un certain Spyjer, c'était celui qui venait de l'accueillir à l'académie il y a à peine quelques minutes et qui s'était proposé de mener Veronika vers sa nouvelle chambre, qui se trouvait au second étage.
Ils étaient enfin arrivés au second étage, et désormais ce fut Spyjer qui guidait Veronika au travers des immenses couloirs en direction de sa chambre. Le château, en plus d'être grand était somptueux. Grâce aux nombreuses vitres de l'académie, les rayons du soleil éclairaient gracieusement les couloirs du château; par moments on pouvait apercevoir quelques oiseaux se poser sur les rebords des fenêtres pour observer le train-train quotidien des élus du château.
L'hiver commençait à se faire froid et glacial. Veronika, cependant, ne semblait pas le remarquer, habituée à vivre dans les régions du Nord de l'Europe où les températures atteignent des pics beaucoup plus élevés. Pour elle, c'était à peine si elle avait besoin de porter un pull; les températures étaient douces.
Spyjer et elle avaient ralenti le pas. L'impatience de Veronika s'était calmée, laissant apparaître une jeune adolescente qui semblait plus mature et réfléchie. Ses pieds nus étaient réconfortés par la sensation voluptueuse de la moquette en velours, moquette qui d'ailleurs semblait avoir été lavée il y a peu. Elle sentait ses orteils s'enfoncer dans le moelleux du tapis, suivis par ses talons; jamais elle n'avait encore foulée de tapisserie si agréable à sentir.
Finalement Veronika aurait pu attendre un peu plus longtemps avant de trouver sa chambre, elle trouvait tout aussi bien l'idée de vagabonder dans les couloirs du château pieds-nus. Une sensation de plénitude l'envahissait, tout son être était détendu et en parfaite harmonie avec ce qui l'entourait; c'était comme si un esprit divin et angélique lui accordait sa grâce et lui avait ouvert les portes du bonheur suprême.
Veronika n'avait toujours pas lâché la main de son camarade qui l'entraînait d'un pas lent et nonchalant vers l'endroit où elle élirait domicile. On se serait cru dans un labyrinthe; bien que les couloirs ne se ressemblaient pas, ils semblaient ne plus en finir. Leur marche finirait-elle par trouver une fin? A nouveau Veronika était impatiente d'arriver dans sa chambre et de pouvoir profiter de son lit.
Et enfin, Spyjer tendit le bras pour déverrouiller une porte. Il avait ouvert les portes du paradis. La pièce était peu traditionnelle; les murs étaient peints d'une couleur blanchâtre comportant quelques teintes de roseet les rideaux étaient de couleur beige et épais, ne laissant passer presque aucune lumière. Il y avait dans la chambre deux tables de chevet, un lit, une bureau et une armoire en teck massif. Sa chambre humait bon l'odeur du miel et du tamarin qui se mélangeaient en une seule fragrance merveilleuse.
Tellement émerveillée par sa nouvelle chambre, elle ne laissa pas le temps à Spyjer de souffler et l'y entraîna à l'intérieur, jetant par la même occasion ses souliers devant la porte. Elle se débarassa ensuite de son sac à dos avec un peu plus de délicatesse, car celui-ci contenait son parfum, ainsi que sa boite de maquillages. Jamais elle n'aurait pu imaginer que la chambre qu'on avait mis à sa disposition serait si spacieuse et jolie. Elle avait là assez d'espace pour évoluer librement et sans encombres.
Elle se laissa tomber sur le lit, observant avec émerveillement son plafond blanc. Sa chambre était propre et bien rangée, il n'y avait absolument rien qui ne fut pas parfait dans cette pièce. Elle profita un court instant de son lit, puis roula dessus jusqu'à atteindre le rebord, d'où elle se laissa tomber. Grâce à ses pouvoirs, elle ralentit sa chûte et s'arrêta à quelques millimètres du sol.
Elle se laissa ensuite rebondir sur la moquette qui était caresse. Elle était allongée, les bras tendus en crucifix; ses bras semblaient être devenus deux lourds fardeaux dont elle n'arrivait plus à supporter le poids démesuré et ses jambes refusaient de lui obéir. Elle resta allongée ainsi pendant quelques secondes juqu'à ce que le bruit distant et vague d'une cascade lui rappelle qu'elle devait aller prendre sa douche. Elle se releva avec dégoût et fixa Spyjer avec une mine de chien battu. Elle aurait tout le loisir de profiter de sa chambre après s'être nettoyée de toutes les impuretés qui la souillaient depuis de si nombreux jours.
Le pauvre Spyjer semblait avoir donné son dernier souffle de vie. Veronika l'avait assassiné en le traînant aussi vite dans les escaliers. Pour s'excuser, elle déposa un bref baiser sur les joues de Spyjer tout en l'aidant à se relever. Il restait à ce pauvre garçon un dernier petit effort à fournir avant de pouvoir se reposer réellement.
- Dis, tu pourrais m'expliquer où sont les douches?