pour un nouveau départ [pv Mathilde]

A la suggestion de Mathilde, ils allèrent à la taverne pour fêter le nouveau départ d'Emrys. La chaleur du lieu fut accueillie avec bonheur après la relative fraîcheur de ce début de soirée.
Ils s'installèrent à une table libre, et prirent leurs aises.
"Pour moi ce sera du vin. Je ne bois que dans des cas exceptionnels, précisa-t-il à l'adresse de la Conseillère, et je pense que c'en est une bonne, non?"
Un sourire étira ses lèvres d'une oreille à l'autre, ses yeux blanchis luisant faiblement.

hj: bon ben a y est c'est commencé! ^^

Mathilde s'était assise face à Emrys. Son regard vif se promenait dans la salle où elle n'était venue que rarement. Quand Emrys lui expliqua qu'il prendrait du vin, elle asquiessa avec un sourire. Cependant, lorsque le serveur arriva, un sourire Colgate aux lèvres, elle ne commanda qu'un seul vin, préférant prendre pour elle, comme à son habitude, un panaché. Puis, elle se retourna vers Emrys, et dit, les yeux pétillants de malice:

Par contre, c'est moi qui paie!

La fortune que lui avait laissée ses parents était considérable, au moins assez pour finir sa vie avec. Alors elle ne se privait pas, et au contraire, insistait toujours pour payer de sa poche. Mais à chaque fois, elle y pensait à peine. Pour alimenter la conversation inexistante qu'elle avait avec Emrys, elle demanda, avec une pointe d'interet dans la voix:

Bon, alors explique moi. D'où tu viens? Comment tu vivais avant?

Emrys avait l'air tellement malheureux en arrivant qu'elle ne doutait pas une seule seconde qu'il n'avait pas toujours bien vécu, pour ne pas dire jamais.

A peine les commandes fussent-elles prises que Mathilde lui demanda de parler de son passé. Le visage d'Emrys se rembrunit légèrement.
"Je ne pense pas que cela soit une très bonne idée, mais bon..."
Emrys ne savait par où commencer. Il se décida pour démarrer après son exil, pas besoin de lui décrire les tortures...
"Après avoir quitté mon village, je me suis rendu à Dublin pour tenter de trouver du travail. Finalement j'ai pu dégoter un boulot d' acrobate dans un cirque...tu avoueras que le costume était tout trouvé! "
Le vin aidant, Emrys parvint à lui parler un peu de son passé, même s'il avait d'abord quelques réserves...

Mathilde attrapa la chope que lui tendait le serveur, et en but une longue gorgée, s'apprêtant à entendre une histoire à faire pleurer les morts. Elle baissait déjà les yeux en signe de compassion, quand, d'un ton sinistre, Emrys lui expliqua qu'il était devenu acrobate. Elle esquiessa un sourire, discret, puis comme l'élu de l'ombre ne faisait rien pour la retenir, elle émit un léger rire, pour finalement éclater de rires. Autour d'elle, les gens se retournèrent à l'unisson et la fixèrent. Génée, elle se tut et plongea dans sa chope pour en avaler une autre coulée. Elle sentit le liquide chaud se glisser dans son oeusophage.

Désolée... Mais je t'imaginais, tu peux pas savoir à quel point ça avait l'air marrant.

Elle avait pris véritablement un air contrit et désolé, même si, au fond d'elle, elle avait plutot envie d'éclater de rire une nouvelle fois.

"Je vois qu'une autobiographie peut-être marrant, parfois." Emrys avait haussé un sourcil, avec un regard légèrement amusé, en voyant la réaction de Mathilde. Puis il se rembrunit légèrement.
"A vrai dire, ce doit être l'un des rares moments de ma vie ou je me suis senti presque humain...même si faire le pitre sur une corde raide pour amuser la foule n'est pas forcément le meilleur moyen."
Il reprit un peu de vin, puis poursuivit.
"au bout de six mois à trimer comme un malade pour une somme misérable, les autorités sont venus faire une inspection et comme j'étais mineur -j'avais douze ans à l'époque- mon patron m'a dit de m'enfuir, soi-disant pour mon bien. Je ne l'ai jamais revu. Après ce nouveau départ je me suis caché au beau milieu de la forêt, en plein hiver, ce qui n'était pas très malin tu en conviendras, et c'est là que je me suis trouvé une espèce de "seconde famille"."

Une lueur d'étonnement traversa le regard de Mathilde, à la mention d'une "seconde famille". Elle avait écouté le récit avec interet mais ce moment et celui qui l'intriguait le plus.

Une seconde famille?

C'était sorti sans même qu'elle ne s'en rende compte, mais Emrys avait stoppé son histoire au moment le plus étrange et elle avait hate d'en connaitre la suite. Elle avala la dernière gorgée qui restait dans sa chope, et recula dans son siège, prête à entendre la suite.

hj: aaaaaah :s c'est court mais je savais pas kwa dire d'autre

"C'est bien ça: une seconde famille. Mais pas vraiment ce que tu pourrais croire. J'étais à moitié mort de faim et de froid quand j'ai vu des loups arriver. j'étais tellement épuisé que je ne parvenais même plus à avoir peur, j'étais résigné à mourir, quitte à servir de repas. Alors j'ai fermé les yeux, attendant le premier coup de croc."

Emrys avait sorti cela d'un trait, d'un air maussade, avant de se resservir un peu de vin et vider sa chope. Il se permit un léger sourire en énonçant la suite.

"Le coup n'a jamais eu lieu. A la place je me suis pris une grande léchouille et quand j'ai ouvert les yeux sous l'effet de la surprise le loup le plus gros que j'aie jamais vu se tenait devant moi, la langue pendante. Quand un loup coloré de la même manière qu'un rotweiler et qui t' arrive à la hanche sans lever la tête te lèche le visage je peux t'assurer que ça fait bizarre! C'est seulement après que j'ai compris que c'était une espèce d'invitation à la survie...que j'ai accepté sans me poser la moindre question."



hj: pas grave! t'as bien vu la taille de ceux que je faisais au départ! XD
bon allez je change un peu de manière d'écrire, puisqu'à première vue ça marche

hj:

Mathilde écarquilla les yeux. Des loups? Elle avait toujours aimé la nature et les animaux. Elle crevait de jalousie. Si elle avait pu recevoir la sympathie d'un loup ( ou d'une coccinelle XD ), elle se serait déclarée heureuse jusqu'à la fin de sa vie.

Elle baissa le regard vers sa chope, déçue qu'elle ne soit pas encore pleine. Finalement, elle ne put qu'articuler un inaudible: "La chance!" . Le sourire qu'elle affichait depuis le début s'était mué en une expression triste. En réalité, elle ne comprenait pas pourquoi Emrys en parlait avec autant d'amertume.

Tu me les montreras un jour?

Elle avait repris ses esprit et était parvenue au prix d'énormes efforts à poser cette question, pourtant simple. De nouveau, un sourire anima son visage, à la pensée de ces loups, qu'elle pourrait peut-être voir.

~La chance? En un sens, ouais...~

Emrys fut un peu interloqué par la question de Mathilde.

"Ben à vrai dire...ça risque de s'avérer un peu difficile...je pense que tu comprendras avec la suite."

Son teint était devenu livide et ses yeus se remirent à luire aux souvenirs qui revenaient dans son esprit.

"J'ai passé trois ans auprès des loups, à vivre au jour le jour, à chasser et à jouer avec les jeunes. Un jour d'Automne de cette dernière année, alors que j'étais en chasse avec Mathàir*, le fameux grand loup noir et feu, qui s'avérait être la louve dominante de la meute, ainsi que trois de mes frères et cinq de mes soeurs.
Ils étaient en train de rabattre un cerf vers moi quand j'ai entendu des détonations venant du sous-bois, et vu plusieurs frères et soeurs tomber au sol. J'ai couru vers eux pour les aider, bien que je ne voyais pas comment, quand j'ai repéré la Mère qui était visée par l'un des tireurs.
La première balle m'a traversé l'estomac.
Mais je n'avais pas vu l'autre chasseur, de l'autre côté, qui tira à son tour.
Mathàir fut touchée au coeur, mais respirait encore. Sa vitalité m'avait toujours stupéfié. Le carnage venait de se terminer quand les braconniers se rendirent compte de ma présence."

Emrys se passa une main sur le visage, écrasant une larme pourpre au coin de ses yeux luminescents.



*mathàir (gaélique):mère

Emrys faillit tomber de sa chaise à la réaction de Mathilde. Il se remit d'aplomb tant bien que mal et poursuivit son récit en répondant à sa question.

"Tous ceux qui étaient présents pour la chasse, oui... je les vois encore: Renarde, Un-Oeil, Amarok...Nera...je les connaissais depuis tout louveteaux..."

Son regard se fit de plus en plus lointain.

"Le gars à qui j'avais bouffé un doigt a décrété que j'étais complètement dingue. Je l'ai vu s'approcher à nouveau, il a levé la crosse de son fusil, et ensuite le noir total.
quand je me suis réveillé j'étais attaché sur un lit, et quelques minutes après je me suis rendu compte que j'étais dans un hopital."

Emrys s'était épuisé à rester calme pendant l'épisode des loups. Il respira le plus profondément possible, puis prévint Mathilde:

"Je te le dis tout de suite, la suite ne parle pas d'animaux, mais c'est d'un autre niveau..."

Et il se relança dans son cauchemar biographique.

"Je me suis donc réveillé sur un lit d'hôpital, attaché, les bras pleins de perfusions et un masque sur le visage...une heure environ après ma reprise de conscience, des gens en blanc sont venus et en me voyant réveillé ils m'ont balargué sur une civière pour m'emmener dans une salle voisine. L'absence de fenêtres m'avait convaincu que je devais être en sous-sol. Le moment où je me suis dit que j'étais vraiment mal c'est quand j'ai vu le panneau au-dessus de la porte qu'ils m'ont fait passer: " laboratoire d' expérimentation".
C'est là que l'on m'a expliqué que les Elus étaient rares à avoir vivants, et qu'ils comptaient bien m'utiliser le plus longtemps possible. On m'a fait passer les tests les plus douloureux, soi-disant pour découvrir d'où venaient mes pouvoirs...
De retour dans ma cellule, puisqu'on ne pouvait pas décemment appeler cela une chambre, mon tourment n'était pas terminé. Je servais de souffre-douleur aux techniciens du labo quand ils étaient de mauvais poil. Et après tout le temps que j'avais passé avec les loups mes cordes vocales n'étaient plus vraiment fonctionnelles, donc je ne pouvais même pas répondre aux questions de mes tortionnaires quand ils me découvraient en sang le lendemain matin. Ils croyaient qu'il s'agissait d'automutilation, et ont conclu que la douleur avait réellement un rapport avec le pouvoir..."

Emrys tremblait de tous ses membres, les yeux fixes et vitreux, de la sueur perlant à son front sous l'horreur que lui inspiraient ces souvenirs qu'il avait si profondément enfoui en lui-même.

"<La science passe au-dessus des lois.> c'est ce que celui qui semblait être le médecin-chef a dit un jour.<Nous bâtissons l'avenir, la justice n'est qu'un frein.>...ce type était vraiment un malade...il a expérimenté des trucs que je n'aurais jamais ne serait-ce qu'imaginé...privations d'eau, de nourriture et de sommeil, ponctions sanguines, électrochocs...ce monstre est même allé jusqu'à la vivisection, et sans anesthésie bien entendu! Tu te rends compte de l'effet que ça fait sur la santé mentale de lever un peu la tête et de voir ses muscles et sa cage thoracique? Tout ça pour savoir si j'étais constitué comme un humain normal?"

Emrys se tenait la tête, le regard vide. Il essuya avec son doigt l'une des larmes écarlates qui coulaient sur sa joue et la montra à Mathilde.

"Ca par contre c'est un cadeau des techniciens...leur traitement adorable m'a détruit en partie les glandes lacrymales...donc si je pleure y a p'us de larmes, y a que du sang..."

"C'est le moins que l'on puisse dire..."

Emrys, perdu dans ses horribles souvenirs, n'avait même pas remarqué la légèreté de la réponse de Mathilde. Il reprit son récit là où il l'avait coupé:

"A vrai dire en un sens ces malades de médecins ont touché au but...avant de tomber entre leurs griffes j'étais tout juste capable de créer un minuscule nuage d'une espèce de brume et mon onguent passe-muraille n'était efficace qu'au bout de mes doigts...mais après qu'ils aient touché à mon cerveau le niveau s'est à peu près décuplé."

Les lèvres de l'Elu de l'Ombre sétirèrent en un sourire sadique.

"N'étant plus à ça près j'ai attendu que mon crâne guérisse...et enfin j'ai pu prendre ma revanche. Ainsi ais-je découvert l'étendue de mes pouvoirs modifiés."

En prononceant ces mots il avait accompli un tour qu'il n'avait plus refait depuis cette époque: de sa main gauche apparurent des flammes noires, qui vinrent s'enrouler autour de son bras, l'enveloppant come des bandelettes avant de le transformer entièrement. Son bras était devenu d'un noir violacé, avait gagné en volume musculaire, et ses doigts étaient devenus semblables à des serres de corbeau géant. L'enveloppe se fractionna avant de disparaître petit à petit. Emrys souffla un grand coup.

"Là c'est crevant, mais avec toute la haine que j'avais dans le coeur j'ai été capable à l'époque de me transformer entièrement de cette manière. Je ne sais pas à quoi je ressemblais et je préfère ne pas même l'imaginer, mais ce dont je suis sûr c'est que grâce à cela je suis la seule personne encore vivante à ce jour à savoir ce qui s'est passé dans cet enfer. Je pense ne pas avoir à te donner des détails sur ce qui s'est passé exactement...Je suis parvenu à sortir de l'hôpital en prenant l'une des rares blouses encore intactes des balayeurs à la place de ma fichue robe de patient, et quand enfin je fus à l'air libre j'exultai. Par chance c'était la nuit, lors d'une fête dont je n'avais pas souvenance où tout le monde portait des costumes et des masques bizarres et un peu effrayants. Je n'ai eu aucun mal à me glisser dans la foule...le plus grand choc, c'est quand j'ai appris la date de ce jour là, car si j'en croyais ce qui était indiqué j'avais passé près d'un an et demi en compagnie de ces monstres..."

Emrys, épuisé par tout ce qu'il venait de dire, se massa distraitement les tempes en fermant les yeux.

"Je suis au moins parvenu à terminer de parler de la pire partie de ma vie...je suis crevé mais ça fait un bien fou!"

Ses yeux étaient restés clos, et un mince sourire éclaira son visage blafard strié de larmes rouges.

"Ouais...je crois que ça vaut mieux. Par contre j'aimerais savoir: même si ce n'est pas ton élément, tu peux m'aider à maîtriser mon pouvoir? J'aimerais vraiment pouvoir le contrôler...pour éviter de tuer à nouveau dans un accès de rage. Il faut vraiment que je parvienne à maîtriser mon potentiel destructeur, sinon je pense que je m'en mordrai les doigts jusqu'à la fin de mes jours."

Ainsi Emrys avait parlé, malgré sa fatigue, adressant cette requête désespérée à la conseillère. C'est de cela dont il avait le plus besoin: d'aide, d'expérience...après tout ce qu'il avait enduré, il pouvait supporter n'importe quel entraînement, si rigoureux soit-il. Son corps et son esprit avaient depuis longtemps atteint la résistance de l'acier, et ils n'étaient pas près de rouiller.




[désolé du retard. J'ai malheureusement pas d'idée sur l'endroit alors à toi de voir.]