Temps glacial

Tania toussa et se recroquevilla un peu plus sur elle même. Son nez coulait et sa gorge irritée la faisait cracher ses poumons. Le froid, beaucoup plus vif qu'en bas, dans sa forêt natale, l'avait prise au dépourvu. Bien des fois, elle avait du se protéger de la neige ou autres mais là, c'était pire que tout. Le vent secouait tout ce qui se trouvait sur son chemin, la brume cachait l'horizon, et la neige tombait depuis bientôt deux heures. Roulée en boule, Tania ferma les yeux, essayant en vain de trouver le sommeil. Au moins, quand on dort, on ne ressent plus rien. Mais alors qu'elle sombrait enfin dans les bras de Morphée, une quinte de toux la secouait, ou bien, des bouffées de chaleur la tirait bien vite de sa somnolence.

Tania ouvrit les yeux, et, regarda l'endroit où elle se trouvait. Les buissons sous lesquels elle avait campé ne l'abritaient qu'à peine. Soupirant, elle se leva, et, de pas lent, se dirigea là où son instint la guidait. Une grotte n'était pas loin à son humble souvenir. Peut-être qu'elle arriverait enfin à le trouver ce satané sommeil, là-bas.. Au bout de quelques mètres, elle étouffa un soupir de soulagement, et se glissa dans le grotte curieusement inoccupée. Une fois de plus, elle se roula en boule, et, reniflant, ferma les yeux, essouflée.

La jeune Elue était malade. Première fois de sa vie. Etait-ce le mal du pays ou bien le temps qui l'avait ainsi cloué au sol ? Pourtant, pour rien au monde, elle n'aurait quitté la forêt. Ce n'était que là qu'elle pouvait guérir, en respirant l'air pur de la nature et en étant en contact avec la flore. Tania se retourna, tournant le dos au paysage, et fixa un moment la paroie de la grotte, grelottant.

Mitsuko se promenait. Ou plutôt errait. La chaleur de l'académie ne l'avait même pas retenue. Malgré le temps glacial contre lequel elle se battait sans cesse, elle ne voulait pas rebrousser chemin. Même si elle revenait à l'académie, même si elle avait chaud là-bas, elle préférait tout de même rester ici. A cet endroit là, elle pouvait admirer le paysage magnifique recouvert d'un fine couche de neige. Elle n'avait qu'une envie, se rouler dedans comme une gamine. Des fois, des envies comme-celle là lui prenaient. Et elle repensait avec bonheur à toutes ces années passées dans l'insouciance de la jeunesse.

Sans s'en rendre compte, Mitsuko s'était écartée du sentier pour s'enfoncer dans les profondeurs du bois. Mais cela ne l'inquiétait guère: il y avait une importante couche de neige et il serait très facile de retrouver ses traces, une fois qu'elle voudrait revenir en arrière. Serrant son écharpe contre elle, elle se félicita intérieurement de l'avoir emportée. Emmitouflée dans son épais manteau, elle ne craignait pas le froid. Ni le vent d'ailleurs.

S'arrêtant quelques instants pour admirer le paysage, Mitsuko repéra une vieille souche, près d'un arbre. Elle ota rapidement les quelques centimètres de neige qui s'y étaient déposés et s'assit, contente de pouvoir souffler quelques instants. Mais alors qu'elle fixait ses pieds, elle découvrit des traces dans la neige. Levant un peu les yeux, elle découvrit que les traces n'étaient pas les siennes. Interloquée, elle se releva brusquement. Qui pouvait donc se promener par ce froid intense? Mitsuko sourit...Bien sûr, à part quelqu'un d'aussi givré qu'elle.

La jeune Elue commença à marcher dans la direction des ces traces. Celles-ci indiquant clairement que la personne se dirigeait d'un pas trainant. Froncant les sourcils, elle continua tout de même. Et si elle se retrouver non pas à pister une personne mais un animal? Secouant la tête pour chasser ses idées, elle continua de marcher, avec tout de même moins d'entousiasme.

Enfin, elle découvrit devant elle, une grotte. Intriguée, elle s'avança avec moins d'empressement. Mais sa curiosité l'emportant sur une quelquonque peur, elle franchit le pas qui la séparait de la grotte.

Elle s'enfonça dans la grotte. Mais méfiante, n'alla pas jusqu'au bout. S'appretant à ressortir, car après tout, ça pouvait être un animal, elle entendit un gémissement. Elle se figea, une sueur glacée dans le dos. La glapissement s'éteind et Mitsuko avança un peu plus. Là, dans le noir, elle découvrit un petit être recroquevillé sur lui-même. De plus en plus intriguée, elle se précipita sur lui et, doucement, lui posa une main sur l'épaule. La personne, qu'elle identifia comme une fille, était glacée. Lentement, Mitsuko ouvrit son manteau et le déposa sur la jeune fille. Enfin, elle s'assit près d'elle, attendant qu'elle se réveille.

Tania s'était enfin endormie. Enfin, si ce mot convenait.. Elle était dans un état de demi-somnolence. Elle n'entendait les choses comme si c'était en arrière fond, et, toutes sortes de pensées divaguaient dans sa tête. Elle s'imaginait, sourire aux lèvres, bras en croix derrière son crâne, jambes croisées, à se balancer doucement dans son hamac, à la lenteur de la brise passagère. De sa bouche sortit un petit sifflement, mélodie empruntée à un petit oiseau rouge et vert, dont Tania adorait le chant. Au paradis, elle se laissait bercer, entendant au loin, une conversation entre ses parents. La voix si douce de sa mère, et son parfum.. Un parfum de Lys si unique.. Et son père, une voix forte cachant un grand coeur. Ce rêve était si réél. Limite si elle sentait vraiment le vent caresser ses cheveux.

Soudain, une main glacée apparut, provenant de sous le hamac, et se posa sur l'épaule de la jeune fille. Tania hurla aussi bien dans son rêve qu'en réalité lorsque Mitsuko posa elle aussi la main sur son épaule. Le hamac se retourna, l'envoyant au sol. La main était une main squelettique : la peau n'était plus. Une main de monstre. Tania, chancelante, se débatit sur le sol tandis que le fantôme sortit de nul part, un énorme filet, qu'il étendit devant elle, un sourire sadique sur le visage. Elle tapa des mains et des jambes sur le sol de la grotte, bafouillant des choses incompréhensibles. Le filet s'abbatit sur elle, au moment où Mitsuko posa tendrement sno manteau sur son corps frêle.

'Naaaaaaaan..'

Une quinte de toux la secoua une fois de plus, tandis que sur son front perlait des gouttes de sueur. Les hallucinations continuèrent, sans pour autant la rêveiller, la faisant parler ou bouger dans ses rêves, comme une démante.

'Nan..J've..j'veux pas..j'veux pas..'

Paupières fermées, les larmes purent quand même s'échapper, et, roulèrent sur ses joues, pour tomber sur son pull humide où sur le sol froid de la caverne. De nouveaux mots incompréhensible furent chuchoté dans ses pleurs. Tania ne se sentait vraiment pas bien.

Alors que Mitsuko avait à peine posé son manteau sur la jeune fille, cette dernière se mit à bouger. Plusieurs fois, l'Elue de la Foudre remit le manteau en place, inlassablement. Au bout d'un moment, alors qu'elle la recouvrait une enième fois de cette couverture de fortune, elle toucha légerement son épaule. Tania se mit alors à hurler. Le son résonnait dans cette caverne. Mitsuko, sous le coup de la surprise, recula de peur. Mais la jeune fille malade semblait encore dormir. S'approchant à nouveau d'elle, Mitsuko lui tâta le front. Il était chaud, brûlant même, malgré le froid intense qui remplissait la grotte. L'Elue, car elle en déduisit que s'en était une, semblait délirer dans son sommeil. Elle hurlait des mots parfois imcompréhensibles, mais Mitsuko en perçut quelques uns. Tania semblait effrayée. Ce comportement l'inquiétant de plus en plus, Mitsuko se releva. Elle s'apprêta à resortir de la grotte en courant. Elle voulait demander de l'aide. A n'importe qui. Il lui fallait de l'aide. Mais une pensée la traversa. Et si il était trop tard lorsqu'elle revenait? Et si Tania avait succombé? Mitsuko, qui n'avait aucune connaissance en médecine, ne pouvait pas juger de son état. Revenant sur ses pas, elle observa la jeune malade quelques instants. Celle-ci braillait toujours, donnant des coups de poings au hasard. Mitsuko prenant son courage à demain, soutint la jeune fille sous les bras. Mais celle-ci s'écroulait à chaque fois lourdement. La reposant délicatement, Mitsuko la prit cette fois de côté. Soutenant avec son bras droit les jambes et avec son bras gauche la tête, elle avanca, chancelante, vers la sortie.

Une fois dehors, elle frissonna. Elle n'avait pas son manteau, il recouvrait déja Tania. La jeune Elue était toujours souffrante. De temps en temps, elle prononcait des mots à peine perceptibles. Son état s'aggravait de plus en plus et Mitsuko accéléra le pas. Heureusement, le vent n'était pas encore passé. Il n'avait donc pas pu effacer les traces qu'elle avait laissé lors de sa précédente promonade. Elle poussa un soupir de soulagement.

Peu après, la tension baissa d'un cran. Mitsuko avait à présent rejoint le sentier. Cela voulait dire qu'elle était bientôt arrivée. Malgré le corps maigre et frêle de Tania, avec le temps, elle était devenue pesante et Mitsuko peinait de plus en plus. Mais bientôt, l'académie était en vue. Bientôt, elle pourrait souffler un peu et se préoccuper de l'état de la malade.

Quelques minutes après, Mitsuko poussa la lourde porte de l'académie. Repérant un banc, elle y posa délicatement l'Elue et s'effronda lourdement à ses côtés. Enfin, elle s'admit quelques instants pour souffler et réfléchir. Fallait-il d'abord l'amener à l'infirmerie ou lui trouver un bon lit chaud? Au bout d'un moment, elle opta pour le dortoir. Vu l'état de l'Elue, il lui fallait absolument se reposer au chaud, avant tout. Soupirant, elle posa sa tête contre le mur, regardant dans le vague, exténuée par la fatigue.