Un simple sentier en terre poussièreuse et blanche, qui se colle aux vêtements, telle de la craie, bordé d'une longue étendue d'herbe couverte d'élus sous le soleil crépusculaire et d'un bois minuscule, composé d'une vingtaine d'arbres, lumineux et spacieux. Une chaude fin de journée, une atmosphère lourde, des gens épuisés par la semaine, en quête d'un coin d'ombre.
Une silhouette féminine se détacha de l'arbre devant lequel elle s'était placée, invisible. Vétue d'une tunique brune, d'une matière revêche, et de hautes bottes de cuir marron, usées. Elle avança, silencieuse, à travers les troncs, simplement éclairée par un rayon de soleil qui filtrait à travers les feuilles.
Un pas, un autre, arrêt complet. Distinctement, encore humide, entre deux arbres, parfaitement tissées, une longue et magnifique toile. Et au centre, un énorme spécimen d'araignée, féroce, en proie avec un papillon, prit par malheur dans ce piège.
Une main soignée plongea dans sa poche et en sortit une sarbacane de bambou, polie et vernie. De l'autre, elle extrait une boite de bois brun, gravé de dorures. Doucement, les objets sont posés sur la terre meuble du sol, labouré par les pluies fréquentes. La pointe d'une flèche, que contenait la boite, est trempée dans une fiole.
Soudain, la silhouette se redresse, porte la sarbacane à sa bouche, et dans un tir strident, envoie la flèche se planter dans l'araignée, qui tombe au sol, raide morte. Le papillon, libéré, s'envole joyeusement, libérant un tourbillon de couleur.
Mathilde soupire, et range la fiole. Elle a réussi. Elle peut s'en servir. Soulagée, elle remet son matèriel en place et sourit vers la toile, majestueuse. Personne ne l'a vu, personne ne sait. Elle pourra s'en servir, quand elle aura besoin.