Douce philosophie du soleil [pv Frosties et boule-de-neige]

Lyad s'avançait dans la clairière, la tête sous une capuche et le vent faisant virevolter ses vêtements. Le jour suivant son arrivée à l'académie, il avait souhaité faire un tour seul près du site du crash. L'herbe sèche se brisait sous ses pieds, et par moments il lui arrivait de s'arrêter, regarder les nuages pendant une dizaine de minutes et se dire que le monde dans lequel il vivait n'était pas si mauvais... Le sentier rocailleux qu'il suivait fatiguait vite ses jambes, et toutes les 20 minutes il marquait une pause pour boire un peu d'eau et parfois croquer un biscuit.

Il semblait pouvoir entendre le son d'une flûte au loin, résonnant dans une forêt, et lorsqu'il se retournait pour l'écouter, tout était calme. Quelques oiseaux chantaient et volaient à quelques mètres de lui. Ils ne semblaient guère effrayés par lui et par excès de curiosité venaient parfois le béqueter pour voir ce qu'il était. La présence d'hommes ne devaient pas être courante pour que les oiseaux s'approchent d'aussi près sans afficher le moindre signe de peur. Lyad s'assied un moment sur une grosse pierre et attrapa sa gourde. Elle était presque vide, et il devait trouver un ruisseau dans les deux heures pour pouvoir s'hydrater correctement, il attrapa un petit gâteau et commença à le grignoter quand il entendit quelqu'un derrière lui.

« Inutile de te cacher... »

Lyad ne prit même pas la peine de se retourner, et continua à manger et à partager avec un petit oiseau qui s'était mis sur la roche à côté de lui. Il ne semblait pas vraiment prêter attention à celui qui attendait derrière lui. Il se releva et continua sa route vers le sud, le lieu où se trouvait le vaisseau qui s'était écrasé. Peut-être y trouverait-il quelque chose d'intéressant, peut-être pas...

« Au fait... Qui es-tu au juste? Pourquoi es-tu là? »

Un grand silence suivit ces paroles, c'était comme si la nature avait arrêtée de respirer pour pouvoir mieux écouter ce que disaient les deux personnages. Un silence... complet... Si profond qu'il ferait peur même au plus téméraire des animaux. Aucune parole, aucune respiration... Le temps semblait s'être figé. Et à nouveau la Terre recommença à respirer, un alizé souffla sur le visage de Lyad, enlevant sa capuche et révélant son maigre visage avec des yeux cernés.

[ J't'en foutrai des Boule-de-neige, foutu jedi à cinq francs! xD]

La journée était étrangement paisible, douce et agréable, quelques rayons du soleil haut dans le ciel dardant au travers des nuages immaculés. Une douce brise soufflait, rafraîchissante, à travers la haute cîme des grands sapins qui encadraient le sentier menant à travers la dense forêt vers le site du crash de l'aéronef. Le ciel était d'un magnifique bleu azuré éclatant, se reflétant dans les eaux proches du lac. Cependant, toute la nature ne parvenait pas à faire étinceler un éclat de lumière dans le regard sombre et froid du jeune homme, définitivement voué aux ténèbres. Cross avait été soudain pris d'une envie de se rendre sur les lieux du crash, pour Alya, pour voir le passé, pour tenter d'éprouver ce qu'elle avait pû ressentir et pour pouvoir peut-être mieux partager ses émotions épineuses quand à Tara et au passé. L'adolescent n'avait pas eu à traverser cette période avec elle, mais l'aurait voulu, pour avoir été à ses côtés quand elle en avait besoin. Heureusement, il n'était pas encore trop tard. Il voulait plus que tout soutenir la demoiselle, être à ses côtés quand elle en avait besoin. Cela devait être de l'amour, comme il le supposait, et rougit à cette pensée. Il secoua la tête, scrutant les alentours de son regard perçant à la recherche d'une éventuelle personne ayant pû le voir avec cet air ahuri. Personne. Il laissa échapper un soupir de soûlagement.

À mesure qu'il progressait, les insectes, les oiseaux, tous cessaient d'émettre le moindre bruissement, comme effrayés par l'aura sombre qui émanait du jeune homme. Ils étaient écrasés par sa présence obscure, et se terraient dans un recoin sombre sans savoir que c'était ainsi qu'ils s'exposaient à son pouvoir. Il sourcilla à cette pensée, surpris que chaque forme de vie craigne sa simple présence. Etait-ce lié à son pouvoir? À sa malédiction? Aux deux? Il n'en avait pas la moindre idée, et à vrai dire, s'en fichait éperdûment. Le seul malaise que cela lui faisait était de ressentir qu'il faisait du mal aux animaux, ce qui lui était difficilement supportable. Il preférait de loin leur compagnie à celle des humains, qu'il méprisait généralement, chose qui changeait au contact des Elus qu'il considérait comme des semblables, bien qu'il ne soit pas plus sociable avec eux pour autant. Seules deux personne importaient réellement à ses yeux; son père adoptif et Alya.

Cogitant sur tout cela, il finit par parvenir à l'orée du bois, et se retrouva face au site qu'il venait visiter. Aussitôt, il fût plongé dans une sorte de transe, une magie bizarre flottant dans l'atmosphère. Son regard se brouilla, tandis que des souvenirs ne lui appartenant pas déferlaient dans sa tête, lui vrillant les tempes et lui brûlant l'esprit au fer blanc. Il voyait les événements du passé à travers ceux qui avaient traversé le crash, passant d'une personne à l'autre sans discontinuer, le tout se mêlant dans ses pensées à une vitesse effrenée. Il se sentait proche de la connaissance, de l'omniscience elle-même. Soudain, cela ralentit, se réglant sur une vitesse normale. Il se sentit investi d'une puissance incommensurable, de responsabilités colossales et d'une tristesse sans borne. Il se voyait quittant quelques élus qu'il avait déjà croisé dans les couloirs, s'en allant silencieusement sans rien dire à personne pour des raisons obscure... Il était en train de voir par les yeux de Zackt Eliandre.

Soudain, tout se figea, et les images défilant devant ses yeux volèrent en éclat, le rendant à la réalité. Haletant, il s'effondra au sol, le souffle coupé. Une migraine atroce le torturait. Il avait "vu". Tout, du début à la fin. Il se releva maladroitement, s'adossant à un grand rocher entouré de débris métalliques le temps de mettre un peu d'ordre dans ses pensées. Il n'en eut pas le temps; des échos, des éclats de voix se répercutant tels des détonations dans son esprit se mirent à lui parvenir, proches. S'étant en partie remis de ses émotions, il se remit sur ses pieds, et s'approcha silencieusement, profitant d'une brume en train de se former pour se rendre furtivement sur le lieu d'où provenaient ces bruits. Se cachant derrière un érable, il remarqua deux jeunes hommes en train de discuter, faisant peser une tension presque palpable dans les airs.

Il les écoutait discrètement, s'efforçant de capter chaque bribe de la conversation malgré la douleur atroce qui le tourmentait. Le premier était un jeune homme blond aux yeux d'émeraude semblant regarder dans le néant et au visage émacié, à l'âge difficilement évaluable. Il semblait avoir surpris le second en train de l'épier. Se déplaçant légèrement pour voir l'apparence du deuxième, il constata qu'il s'agissait de Wilem Kane, que Cross avait déjà rencontré lors de son arrivée et qu'il identifiait comme "le barbare qui avait défoncé la porte". Il le savait élu de l'air. Qu'en était-il de l'autre? Fermant les yeux, Cross entra en contact avec le flux magique, cherchant le fil lié à l'individu en question. Il irradiait d'une aura sèche et incandescente... Certainement un Elu du Feu. Encore un talent. Selon Alya, il y'en avait encore d'autres... L'eau, la terre, le métal... Cross se promit d'étudier sérieusement les différents facteurs liés à ces pouvoirs paranormaux. Soudain, rouvrant les yeux, il eut le malheur de faire un pas de côté. Une branche craqua fortement sous son pied, le bruit sonore provoqué par sa cassure se répercutant en écho dans l'étendue sylvestre. Ca y est, il était repéré...

Il sortit de derrière l'arbre, imperturbable, observant les deux jeunes hommes de son regard perçant et glacial sombre comme la nuit. Il resta silencieux, attendant de voir comme allait évoluer la situation.

« Je ne vois aucune raison de rester seul... Et aucune raison pour te chasser... Nous pouvons voyager ensemble si cela te plaît. »

Lyad redressa sa capuche puis se remit en route vers l'endroit où se tenait le vaisseau. Il y a avait encore quelques kilomètres à parcourir avant d'y parvenir, et le silence qui pesait entre les deux voyageurs semblait profond... Trop profond pour être brisé. Même leurs pas sur l'herbe étaient silencieux.

A un moment Lyad se retourna vers Wilem, quelques mots semblaient se tracer sur ses lèvres mais aucun son n'en sortait. Il se retourna presque aussitôt, plongeant dans une herbe haute, recouvrant son torse. La progression était difficile, et les herbes de plus en plus hautes. En l'espace d'une dizaine de minutes Lyad avait quasiment disparu, seul un petit morceau de sa tête semblait émerger avec peine de la mer verte.

« Tu es toujours là? »

Lyad fit volte-face, fixant Wilem profondément dans les yeux. Son visage semblait ordonner à Wilem de ne plus bouger. Il était sûr d'avoir entendu un autre bruit de pas, beaucoup plus irrégulier que celui de Wilem. Instinctivement il se plongea dans un coin où les lames vertes devenaient plus denses. Ses yeux scrutaient le ciel, à l'affût du moindre mouvement... Tout était à nouveau tout était calme... Celui qui semblait les épier s'en était allé ou bien s'était caché. En tout cas il ne devait pas être loin.

« Restes sur tes gardes! Il va revenir. » Il se saisit de Wilem et le poussa devant lui. « Passe devant, je te suis. »

Il savait indubitablement qu'il avait été repéré. Même l'humain le plus balourd aurait perçu le craquement de la branche, alors deux Élus dont les sens sont amplifiés, qui plus est ne contrôlant pas encore correctement leurs pouvoirs... Pourquoi ne l'interpellaient-ils pas? Il était conscient d'avoir été détecté, mais étant donné l'indifférence apparent des deux jeunes hommes, il continua à les suivre furtivement, sans jamais se faire remarquer cette fois-ci. Une fois était d'ores et déjà de trop, à ses yeux.

Les deux adolescents avançaient de la manière la plus désinvolte qui soit, observant aléatoirement le paysage, le ciel, la faune, la flore... Complètement insouciant du danger potentiel que pourrait représenter Cross s'il leur avait été hostile. Intérieurement, le jeune homme ne savait qu'en penser; quelque part, il était soûlagé de ne pas avoir été attrapé par les deux Elus, et de l'autre songeait qu'avec pareille attitude, ils ne feraient pas long feu lorsqu'ils auraient à guerroyer, si la guerre venait à se reproduire. Constatant que ses pensées allaient dans ce sens, il se dit que cela devait être dû aux souvenirs qu'il avait "avalés" en se rendant près des sillons, n'ayant jamais vu ou même entendu parler de cette fameuse guère que son esprit évoquait machinalement.

Curieux phénomène... Soudain, il se raidit. La marche de Wilem et de l'inconnu s'était subitement figée, et ils échangèrent rapidement quelques mots inaudibles en raison de la distance qui les séparait. Avant qu'il n'ait eu le temps d'anticiper, l'Élu de l'Air déploya ses ailes d'un bleu saphir translucide, mettant l'esprit de l'adolescent ténébreux en alerte. Sans avoir pû bouger, il sentit une présence derrière lui; aussitôt, d'un geste vif, il cloua l'individu à l'arbre derrière lequel il se dissimulait jusque là, le retenant contre l'écorce fracassée par la violence non-retenue du coup en pressant sur la gorge de celui qu'il venait de neutraliser de son avant-bras. Constatant que c'était Wilem qui était en train d'asphyxier sous la pression surhumaine exercée par le jeune Élu de l'Ombre, il le relâcha en toute hâte, laissant l'adolescent tomber à genoux en reprenant son souffle coupé par l'assaut imprévisible de Cross.

Désolé...