Chirurgie [pv Emrys]

Mathilde pénétra dans l'endroit. Y étant déjà venue plusieurs fois, elle le connaissait par coeur. Elle alluma les néons, provoquant une lumière éblouissante dans l'endroit sombre. Elle s'avança, tirant Emrys derrière elle, entre les paillasses. Elle alla jusqu'au fond de la salle, où tronait une table plus longue que les autres. Là, elle alluma les lumière blanches qui l'entouraient et sortit de sa poche une trousse de cuir usé qu'elle posa dessus. Elle se tourna vers Emrys d'un air solennel.

Ecoute. Je peux t'enlever toutes tes cicatrices. Mais tu n'es pas obligé bien sûr, je comprend que tu préfère les garder... Si tu veux, allonge toi là.

Elle désigna d'un geste la table carrelée, espérant que le froid du carrelage n'acheverait pas de glacé totalement le garçon. Elle retira sa trousse d'où elle extrait trois outils en argent qu'elle disposa dans sa main.

Les yeux d'Emrys s'agrandirent à la mesure de son étonnement.
"Me....m'ôter mes cicatrices?"
Ce faisant, il regarda distraitement son torse et son ventre, intégralement couverts de bandages. Ces cicatrices étaient l'un des seuls ponts, aussi douloureux soit-il, qu'il possédait avec le monde réel, son passé...il ne se voyait pas vraiment sans...puis il prit sa décision.
"Ces balafres font partie de ma vie, je pense que je continuerai à vivre avec. toutefois il y en a une que tu peux m'enlever."
Il s'approcha de la table, ôta l'un de ses bracelets d'entraînement, et montra une dernière cicatrice, restes d'une tentative de suicide à la suite du meurtre de son père.
"Je me la suis faite car je n'avais plus de raison d' être. Maintenant que je m'en suis trouvé une, c'est elle qui n'en a plus."
Il s'était exprimé calmement, posément, déterminé à oublier définitivement ce passage de sa vie.

Mathide ne put retenir un immense sourire qui se dessinait peu à peu sur ses lèvres. Dans ses yeux, un peu tristes auparavant, s'était allumé un éclat de malice, de gaieté. Malgré sa proposition, elle espérait qu'Emrys préférerai garder ses cicatrices, pour le simple respect du passé. Bien qu'elle ne fit aucun geste, il était clair qu'elle était vraiment contente.

Elle jeta un coup d'oeil à la cicatrice qu'il désignait, sans dire un mot. Elle comprenait. Alors elle attrapa le poignet de son ami, le posa à plat sur la table, s'assit sur un tabouret et commença sa minutieuse opération.

Elle entourra l'avant bras de celui ci d'une grosse racine solide, pour stopper le sang, et réouvrit la blessure. Elle essuya le peu de liquide rouge qui en sortait et commença à recoudre la peau de manière précise. Tout en travaillant, elle dit:

Je suis curieuse: c'est quoi ta raison de vivre?

Elle avait posé cette question simplement, et pourtant elle voulait savoir. Elle ne se sentait pas toujours très bien et elle était certaine que si Emrys lui expliquait, elle arriverait à oublier ses moments de déprime totale.

Emrys ne bougeait pas, n'avait pas même un frémissement. La douleur de sa blessure rouverte, il connaissait ça par coeur depuis le temps. Il remarqua le sang qui en sortait, comme ce fameux jour...
"Ma raison d'être...je dirais que c'est de parvenir à installer un peu de gaieté, de sentiments dans ma vie, pour tenter de purifier un peu mon coeur et, pourquoi pas? aider les gens qui ont subis des épreuves comme moi...je pense que c'est une raison largement suffisante pour vouloir continuer d'exister."
Ainsi voyait-il désormais sa vie: ne pas oublier son douloureux passé, pour vivre le présent et se forger un avenir meilleur, pour lui et pour d'autres.

Mathilde lui jeta un coup d'oeil tandis qu'il parlait. Au fur et à mesure de ses paroles, elle se rendait compte qu'il avait raison, alors elle asquiessa conscencieusement. En effet, elle l'aidait, et elle en était contente. Un léger sourire anima son visage, tandis qu'elle se réabsorbait dans son travail.

Elle venait de recoudre la plaie de manière si fine, si précise, qu'on en voyait plus qu'un mince pli de peau. Elle coupa le fil de ses ciseaux d'argent, et reposa l'outil sur la table, marquant ainsi la fin de son travail. Alors elle expliqua, en voyant Emrys comptempler son poignet de manière circonspecte:

Bientot, le fil tombera et tu n'auras absolument plus rien. Ne t'inquiète pas. J'ai pratiqué des opérations bien pires.

Elle ne précisa pas qu'à chaque fois, c'était une simulation, et figea sin visage dans un sourire satisfait.

Emrys examina son poignet réparé, faisant jouer ses doigts qu'il ne contrôlait plus durant l'opération. De l'horrible cicatrice écarlate qui le barrait auparavant il ne restait qu'une mince ligne. Il n'aurait plus qu'à écraser quelques feuilles de plantain dessus pour effacer le restant de douleur et ce serait parfait!
"Je doute que tu aies déjà eu à pratiquer cette opération en particulier très souvent, mais en tout cas c'est du travail digne d'une pro! Encore merci!"
Il fit distraitement craquer ses articulations, et reprit:
"Je te dois le rachat d'une vie. C'est beaucoup trop pour que je puisse te refuser quoi que ce soit."
En disant cela il regarda Mathilde droit dans les yeux, le plus sérieusement du monde, une lueur de reconnaissance animant la cendre de son regard.

Mathilde sourit, fière. Elle était vantarde, et ne pouvait s'empêcher d'apprécier le compliment d'Emrys. Pourtant, alors que son regard passait du poignet du garçon à son visage, elle pensa qu'elle aurait fait ça pour n'importe qui d'autre, et avec autant d'application.

Aller viens, allons fêter ça, et n'en parlons plus.

Elle s'était avancée vers la porte, avec dans l'idée d'aller boire un peu dans un bar de Shima. Un sourire chaleureux éclairait son visage. Elle ne voulait pas s'attarder dans la pièce mal éclairée. Elle attendit qu'il soit à sa hauteur et s'engouffra dans le couloir sombre. Jusqu'à arriver dans le hall.

hj: tu commence le sujet où tu veux. mais tu commence!