Tristes pensées par une nuit noire

Mathilde jeta un regard vide à Vect. Au fond d'elle, elle était contente que ce soit lui plutôt que quelqu'un d'autre à qui elle aurait dû tout expliquer. Elle le laissa s'asseoir à coté d'elle, mais son regard restait fixé sur le lac. Elle frissonait toujours, mais la chaleur qui remontait de ses pieds pataugeant dans le lac la réconfortait un peu.

Quand Vect eut terminé de parler, elle le fixa dans les yeux. Il avait raison, elle le savait, mais elle ne pouvait pas s'empécher d'être triste. Elle asquiessa légèrement, trembla dans un spasme dû au froid ambiant et essuya ses larmes.

Merci.

Elle trouva le courage de sourire un peu. Puis elle reprit, pour changer de sujet, surtout, pour ne plus y penser. Pour le moment.

Sinon...ça va?

Mathilde se retourna et détailla l'arrivante. Son regard se fit perçant, et elle remarqua que Katelin avait bien compris ce qu'elle pensait, et qu'elle l'implorait silencieusement de se taire. Mais Mathilde n'en fit rien et lorsque la jeune femme vint s'asseoir à coté d'eux, elle dit à Vect:

Tu sais, je connais déjà Katelin. C'est moi qui l'aie tuée. N'est ce pas?

Elle se tourna avec un regard démoniaque vers Katelin qui se fit petite, comme sous l'effet de la peur. Un sourire apparut sur les lèvres de Mathilde.
On dirait que tu n'as pas pris la peine de lui expliquer.

Katelin ouvrit de grands yeux innocents, mais Mathilde souriait toujours avec mépris, insensible.

J'ai dû ommetre ce détail, c'est possible.

Katelin venait de s'exprimer d'une petite voix. Mathilde trouvait qu'elle en faisait un peu trop, et savait très bien de quoi la femme était capable. Elle se tourna vers Vect.

Je l'ai tuée parce qu'elle avait détruit une famille pour simple disctraction.[i]

Mathilde jeta un regard noir à Vect.

Arrête de me faire la morale! Je n'ai pas l'intention de l'attaquer à nouveau, je suis certaine que sa mort à été assez douloureuse! Mais il faudrait que tu arrête un peu de tout idéaliser.

Elle s'était un peu emportée mais elle ne supportait pas qu'on lui fasse la leçon. Malgré tout, elle se blottit contre Vect, luttant contre le froid qui l'assaillait. Puis elle sentit soudain une aura nouvelle dans le coin, une aura semblable à celle de Katelin, et conclut que ce devait être celle de Néos.

Elle pensa alors que Vect et les démons avaient fait une sorte de pacte qui les aider à mieux se supporter, mieux s'entendre. Elle jeta un regard discret à Katelin qui elle aussi semblait avoir repéré Néos.

Ton frère arrive on dirait.

Mathilde regarda, d'abord abasourdie et stupéfaite, Néos attaquer Vect. Elle se leva et resta un peu en retrait à coté de Katelin qui tentait également de comprendre. Finalement, elle fut frappée par une idée qui lui traversa l'esprit et elle comprit la raison de l'attaque du démon. Alors elle éclata de rire. Elle riait tellement, en voyant Vect, surpris, plonger dans l'eau, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.

Avant de répondre à la question de son ami, elle se tourna vers Néos et lui expliqua avec un sourire:

Calme toi Néos, tu sais, je crois que Vect avait plutôt l'intention d'aider Katelin.

De nouveau, elle éclata de rire en voyant la tête que faisait Néos. Katelin le regarda, les yeux ronds. Elle aussi avait compris, les filles étant beaucoup plus perspicace que les mecs. Mathilde glissa à son ami:

Je crois que Néos est amoureux de Katelin et qu'il es jaloux. Mais je crois seulement.

Mathilde regardait les deux démons, l'air mi moqueur, mi amusé. Une pointe de malice brillait dans ses yeux. Elle écoutait les excuses de Vect, perdue dans ses pensées, le regard fixant un point au loin. Finalement, elle se retourna vers son ami, le toisa du regard et répondit, insensible à son air repenti, s'efforçant de prendre un ton hautain malgré son envie de rire:

J'hésite vraiment à te pardonner tu sais...

Mais ce qui devait arriver arriva. Elle éclatta d'un grand rire léger et détendu, contente d'être avec l'élu de la Foudre. Quand elle put reprendre son souffle, elle lui lança, les sourcils froncés, mais un sourire aux lèvres:

C'est bon, ça passe!

Puis elle se calma dans un frisson. Elle croisa les bras, tentant de réchauffer ses épaules nues. Mais malgré cela, elle claquait des dents. Elle se rassit, espérant s'abriter du vent derrière les hautes plantes et attendit que Vect fasse de même.

Mathilde regarda Vect avec un sourire. Qu'il soit passé souvent à l'infirmerie ne l'étonnait pas, vu sa nature casse cou. Elle même n'y était jamais allée pour elle. Elle avait, une fois accompagné Dorgoth, mais chassa ce triste souvenir. Elle attrapa la veste que lui tendait Vect avec reconnaissance. Elle l'enffila et profita de cette chaleur nouvelle pour admirer le paysage du lac bouillonant entouré d'hautes herbes noires dans la nuit, qui se déroulait devant elle. Mais elle se rendit soudain compte que Vect n'était pas plus chaudement vétu qu'elle.

Mais t'as pas froid toi?

Vu le vent glacial et la température ambiante, il lui paraissait presque impossible de ne pas avoir froid. Mais son ami, bien qu'il se réchauffait légèrement les épaules, n'avait pas l'air d'avoir spécialement froid, au contraire, il semblait admirer la vue comme si rien ne le génait.

Mathilde baissa légèrement ses yeux à la mention du passé de Vect. Elle s'en voulait un peu d'entendre les autres lui raconter leur passé catastrophique sans que tout cela ne lui soit véritablement arrivé. Ses parents étaient morts normalement, comme n'importe qui aurait pu mourir, et elle ne pouvait pas s'en plaindre. Mais elle sourit légèrement quand Vect recommença à parler. Elle le savait, il était casse cou, mais solide.

J'imagine pas ce que je serais à ta place... Peut être une masse informe.

Elle esquissa un rire nerveux et ressera doucement la veste sur ses épaules. Elle resta longtemps encore, silencieuse à comptempler ce lac bouillonant.

Mathilde sourit. C'était une bonne idée, si elle oubliait ce qu'il pouvait y avoir dans les profondeurs du lac. Elle eut un trésaillement dégouté à cette pensée puis enleva sa chemise et sauta dans l'eau tiède. Autour d'elle, l'écume bouillonait encore. Elle était bien dans l'eau, même si ce n'était pas son élément, mais l'Eau la régénérait, comme elle aide à la croissance des arbres. Elle fit du sur place, la tête hors de l'eau, attendant que Vect ressorte. Elle commenta:

C'est vrai qu'on a pas froid ici.

Elle nagea un peu, sans trop s'éloigner du bord. Alors elle mit la tête sous l'eau pour la première fois. Elle se risqua à ouvrir les yeux mais malgré la transparence de l'eau, elle ne distingua rien.

J'ose pas imaginer au dessus de quoi on nage.

Elle ravala sa salive. En effet, sans être maniaque, elle était dégoutée par la saleté qui pouvait régnait au fond du lac.

Mathilde regarda Vect sortir une algue de l'eau. Elle eut d'abord un mouvement de recul, en pensant que Vect avait vraiment attrapé un poisson, mais quand elle s'aperçut de son erreur, elle éclata d'un grand rire léger.

Mais quand il replongea pour prendre vraiment un poisson, elle eut un sursaut et s'éloigna, s'approchant de la rive. Quand il ressortit, elle répondit:

Je suis là, mais m'approche pas avec ce truc dégueu! Je déteste ça.

Elle le fusilla du regard, tout en ramenant ses pieds à son corps pour ne pas sentir les algues poisseuses qui lui léchaient les chevilles. Elle avait toujours eu une préférence pour les piscines chlorées.

Mathilde fronça les sourcils et répondit, agacée:

Mais nan! J'ai pas peur! C'est juste que j'aime pas!

Malgré ça, elle s'écarta du bord. Quand Vect proposa de nager, elle asquiessa avec un sourire. Elle jeta un regard vers le lac qui s'étandait à perte de vue et commença à nager vers l'horizon. Autour d'eux, l'eai avait cessée de bouilloner, et se faisait calme et paisible, comme pour leur faciliter la nage. Ils nagèrent, silencieuse, jusqu'à ne plus voir la berge. Là, Mathilde s'arrêta. Au fond, l'eau était étrangement glaciale.

On retourna sur la terre? Faudrait peut être penser à aller se coucher!

Elle eut un léger sourire et s'allongea sur le dos en attendant sa réponse. A la surface, l'eau était chaude, mais l'air frais ambiant glaça Mathilde et elle s'empressa de rentrer son corps dans l'eau.

Mathilde suivit Vect jusqu'à la berge. Déjà, près du bord, elle sentait que l'eau se réchauffait. Mais ils étaient encore loin, lorsque, légèrement essoufflée, elle sortit ses ailes et se propulsa dans l'eau, sans plus nager. Les fines membranes vertes qui composait les ailes étaient parfaite pour servir de nageoir et elle put accélérer, s'appliquand quand même à ne pas trop distancer Vect. Arrivée près du bord, elle s'arrêta et attendit son ami.

Mais lorsque Vect fit remarquer qu'il n'avait pas de serviettes, elle frissona, à la seule pensée de devoir remettre ses vêtements sur sa peau humide par un froid pareil. Quand Katelin sortit du couvert de l'arbre, une ombre de sourire passa sur ses lèvres. Mais elle était trop fière pour avouer que la démone lui rendait service et surtout pour dire merci.

Elle sortit de l'eau, entourée par un cercle de flamme chauffantes que produisait Katelin et alla s'habiller. Elle enfila sans hésitation la veste de Vect et ressortit du cercle. Elle adressa un unique regard pointé de reconnaissance à Katelin et demanda à son ami:

On y va?

Mathilde adressa un léger sourire à Katelin avant qu'elle ne parte, tout en pensant qu'elle avait quand même du bien. Elle la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement dans l'ombre nocturne. Enfin, sur les mots de Vect, elle reprit le chemin de l'Académie. Déjà, l'aube se levait, donnant une teinte rose à l'horizon. Mathilde commenta:

C'est bizarre, je ne pensais pas que c'était déjà le matin.

Un coup d'oeil sur sa montre lui apprit qu'il était un peu moins de six heures du matin. Elle lacha un juron, certaine de ne pas pouvoir tenir toute la journée en ayant dormi à peine deux heures. C'est alors qu'une fatigue l'accabla. Elle sentait son poid sur ses jambes, et ses yeux se fermaient. Elle ne s'était pas rendue compte de la fatigue qui l'assaillait, l'eau étant pour elle une exelente vitamine revigorante, comme elle l'était pour n'importe quelle plante. Mathilde pressa le pas, impatiente d'arriver enfin à son lit.